Mercredi 24 Novembre 2010
fabrice-veron

Le 16 novembre 2010, à Angers, en selle sur Jiloka Avenue, entraînée par son patron, Henri-Alex Pantall, il a signé la 400ème victoire de sa carrière. Depuis, il s’est imposé à Lyon, puis a réalisé un joli coup de deux, lundi 22, à Fontainebleau. A 27 ans, Fabrice Véron, Cravache d’Or de l’Ouest en 2009, caracole en tête dans la course au trophée 2010. Sur le plan national, le 24 novembre au matin,  il était 7ème ex aequo avec un certain… Stéphane Pasquier, 80 succès chacun, cette saison. Et ce n’est pas fini…

De quelle région êtes-vous ?

Je suis né à Angers, mais ai été élevé dans le Saumurois.

Avez-vous toujours désiré devenir jockey ?

Non, mais j’ai toujours aimé les chevaux. Arrivé en 4ème, un « forum des métiers » a été organisé dans mon établissement scolaire. J’ai pu y découvrir la Maison Familiale de Pouancé, qui permettait de travailler avec les chevaux et d’embrasser la carrière de jockey.

Vous avez donc eu un maître d’apprentissage…

Gérard Margogne. Il s’occupait de 50 à 60 chevaux, à l’époque.

Bruno Jolivet, qui allait devenir l’un des plus grands jockeys d’obstacle du « siècle dernier », avait lui aussi fait son apprentissage chez Gérard Margogne. Il confiait que l’homme était un patron plutôt « dur »…

Il est plus droit que dur. Il est aussi exigeant avec ses employés qu’avec lui-même. Il aimait que le travail soit bien fait, en temps et en heure, ne supportait pas les paresseux, mais savait reconnaître les mérites de chacun.

Vous a-t-il rapidement fait débuter en compétition…

Dès que j’en ai été capable. Le 1er novembre à Saint-Malo, une réunion PMH, avec  notre représentantPur Loncéen, pour ma première monte, j’ai gagné… Et ma première PMU, ce fut avec le bon Le France, à Durtal. La première année, j’ai fini Meilleur Apprenti de l’Ouest. Je suis resté 4 ans et demi chez M. Margogne.

Gérard Margogne – l’homme de Métatéro – préparait beaucoup de chevaux d’obstacle. N’avez-vous pas été tenté par la spécialité ?

Le matin, je faisais régulièrement sauter nos pensionnaires, mais, en compétition, je me suis toujours cantonné au plat. Mon gabarit me le permet.

Après Gégard Margogne ?

Il m’a envoyé chez son gendre, Joël Boisnard, chez qui j’ai encore beaucoup appris. Je suis arrivé à l’écurie avec une quinzaine de succès, et c’est chez Joël que j’ai perdu ma décharge.

Pourquoi l’avoir quitté ?

J’avais besoin de changer d’environnement, de voir un peu autre chose. Je suis allé chez Jean-Luc Guillochon mais, au bout de six mois, j’ai eu l’opportunité d’entrer au service d’Henri-Alex Pantall, pour qui je travaille depuis 3 ans et demi.

Quelle forme d’opportunité ?

Mathieu Androuin, qui était l’un de ses principaux jockeys, partait, laissant « libre » sa place. J’ai été engagé.

Et on peut dire que ça marche fort…

M. Pantall me fait de plus en plus confiance, il m’envoie disputer de bonnes courses à l’étranger. Cette année, j’ai gagné un Groupe III à Berlin, avec Amico Fritz, et un Groupe II à Baden-Baden, toujours avec Amico… L’an passé, j’ai remporté le Derby Suisse, avec Dubaï Rose, et je garde un merveilleux souvenir de ma listed Race en Norvège, avec Prince Fasleyev. C’était extraordinaire. Le Derby du Midi, avec Validor, m’a fait très plaisir, également.

Vous voyagez beaucoup en France, aussi…

J’ai acheté ma nouvelle voiture fin mars, elle a déjà plus de 60.000 kilomètres, sans parler de mes déplacements en train, en avion, ou avec des collègues.

Pouvez-vous être toujours présent, le matin, à l’entraînement ?

Non. Suivant l’endroit où se déroulent les courses, je monte un, deux, ou trois lots, mais, quelquefois, et de plus en plus souvent, je n’ai matériellement pas le temps.

Vous commencez aussi à vous mettre d’avantage en selle pour l’ « extérieur ». Alex Pantall est-il d’accord ?

Plus que cela, même, il m’y encourage, et il est ravi quand je gagne pour l’un de ses confrères. Mais, par la force des choses, je suis peu demandé, car toujours associé aux chevaux « de la maison ».

N’auriez-vous pas envie de vous installer en région parisienne ?

Pas du tout. Je suis très bien là où je suis, et sans les chevaux de M. Pantall, je n’aurais pas les mêmes résultats.

Avez-vous des objectifs ?

Non. Pas d’objectifs précis. Pour résumer, je dirais progresser, et continuer de travailler pour mon patron.

Et avez-vous des « modèles » ?

Beaucoup, oui. Toutes les têtes de liste, bien sûr. Mais si je ne devais en mentionner que deux, je citerais Lanfranco Dettori et Olivier Peslier. Ce sont des rêves, ces gens-là.

Croyez-vous pouvoir atteindre leur niveau ?

Leur niveau ? Je n’y pense même pas, mais je vais travailler, et travailler encore.

Quelle qualité vous accordez-vous ?

Savoir écouter et regarder, pour toujours apprendre. Apprenti, je n’étais pas très bon. J’ai progressé avec le boulot…

Et quel défaut ?

J’en ai plusieurs ! Je manque d’expérience, dans les « bonnes épreuves », mais j’espère que cela va venir. Je manque aussi de confiance en moi, mais cela va de mieux en mieux, avec le temps et le « métier ».

Avez-vous été victime d’accidents ?

Non. Je me suis cassé une clavicule, quand j’étais chez Jean-Luc Guillochon, mais c’est tout.

Quel regard portez-vous sur l’Association des Jockeys ?

C’est la meilleure chose que l’on puisse avoir. Nous serions tous bien embêtés, si elle n’existait pas. A tous les niveaux : assurance, documents administratifs, etc…

Etes- vous marié ?

Oui, avec Jennifer. Heureusement pour moi, elle a de la famille dans le milieu des courses, et elle comprend bien les contraintes de  ma profession. Nous avons deux enfants, Mathis, qui va avoir 2 ans et demi, et notre petite Manon, qui est née en septembre.

Parvenez-vous à concilier travail et vie familiale ?

C’est très difficile. Il m’arrive de ne pas voir les miens durant deux ou trois jours, ou de passer en coup de vent à la maison. Dans tous les domaines, on ne peut pas avoir que des avantages. Ce sera plus calme, cet hiver, car nous partons tous pour le meeting de Cagnes.

Avez-vous d’autres passions ?

Non. Les chevaux, les chevaux, et encore les chevaux… J’aime aller me balader avec ma famille, ou une petite sortie de temps en temps…

J’ai tout ce qu’il me faut pour rédiger l’interview…

Moi aussi, j’ai tout ce qu’il me faut (rires)