« Si on m’avait coupé la jambe, alors là, j’aurais dû arrêter. Mais, même si je boîte encore, je me sens bien à cheval… » Adrien Fouassier, 23 ans depuis le 20 décembre, revient de loin. Tombé, en plat, le 21 septembre à Craon, il a perdu connaissance. Outre sa plaie béante à l’avant-bras, une fracture ouverte de la rotule, du péroné, et du tibia, sans parler des « ligaments croisés »… A la mi-février, il sera en selle en compétition. Retour sur un accident. Et sur une volonté, hors du commun…
Vous souvenez-vous de cette chute ?
Parfaitement. J’étais en tête, depuis le départ, avec Garynella. Dans la dernière ligne droite, comme il cherchait à pencher, je lui ai donné un petit coup de cravache, sur l’épaule gauche. Il s’est alors littéralement jeté sur la lice en PVC. Nous sommes passés de 60 km/h à 0, en deux mètres… Et, là, je suis tombé … « dans les pommes ».
Ensuite ?
Pour tout vous dire, je n’ai pas souffert. Transporté à l’hôpital de Château-Gontier, j’ai été placé sous morphine. Le lendemain, mon beau-frère, qui travaille chez Norbert Leenders, était à mes côtés : je me suis affolé devant la blessure de mon bras, sans avoir conscience de ma jambe… Je me posais une seule question : « quand allais-je pouvoir remonter ? ».
Et à ce moment-là ?
Je commençais juste à ressentir mes orteils… Les spécialistes avaient dit à ma mère, et à mon amie, qu’il me faudrait certainement changer de métier…
Alors ?
J’ai été transféré à Angers. Là, le chirurgien m’a assuré que dans 8 mois, je serais à cheval. Après l’opération, il s’est ravisé, dans le bon sens : 4 mois.
C’était vrai ?
Oui, ou presque, puisque je vais effectuer ma rentrée sur un hippodrome le 16 ou le 18 février, et que j’ai réembauché, chez mon patron, Alain Couétil, depuis le 17 janvier.
C’était faux ?
Oui, aussi. Je me suis testé, à l’entrainement, au pas et au trot, le… 9 décembre ! Deux mois et demi…
Essai concluant ?
Complètement. Je boite toujours, mais je me sens bien, à cheval. A tel point que nous nous sommes alors accordé quelques jours de vacances, avant d’entrer, de nouveau, dans le vif du sujet.
Et cette opération ?
Ma jambe est désormais « équipée » de huit vis, d’une plaque, et d’un clou dans le genou. L’hiver prochain, les médecins verront s’il faut les laisser, ou non…
Maintenant ?
Mon retour, en plat, est imminent, donc, et, en obstacle, discipline que j’ai également reprise, le matin, il est programmé le 28, à Angers, avec un sauteur de l’écurie.
Vous totalisez environ 800 montes, pour une cinquantaine de victoires, dont une quinzaine en obstacle. A quelle discipline va votre préférence ?
Personne ne m’a obligé à « tâter » des balais, j’aime ça, et j’ai eu la chance d’être associé à quelques bons chevaux « de province ». Mais, on ne sait jamais, au départ d’un cross, dans quel état on va rentrer. Je ne suis pas un casse-cou. L’obstacle n’est pas mon objectif, je ressens plus d’excitation en plat. Cela dit, l’avant-veille de mon accident, j’avais sauté le steeple-chase de Craon, pour Yannick Fertillet, pour qui j’ai travaillé avant de revenir chez Alain Couétil. Comme quoi…
Comme quoi ?
En principe, les risques sont moindres, en plat. Mais il y a une certaine fatalité, ce qui doit arriver, arrive. Si je n’avais pas été jockey, je serais sans doute devenu boulanger, par goût. La vie en a décidé autrement…
Vous m’avez pourtant confié regretter de ne pas être entré à l’AFASEC, l’école des jockeys ?
A 14 ans, j’étais trop – si l’on peut dire « trop » - « famille », et je ne me sentais pas encore capable de couper le cordon ombilical. J’ai donc suivi des chemins de traverse. Mon père étant « petit » propriétaire, ma sœur cavalière, aujourd’hui professionnelle, et moi, amoureux des poneys, je suis entré chez Philippe-Cormier Martin, à 16 ans, avant plusieurs autres expériences. Mais, ne pas avoir suivi les cours de l’AFASEC a sans doute nui à ma carrière…
Elle ne fait que commencer…
Que recommencer, oui. Et, vous avez raison, il ne faut jamais rien regretter…