Originaire de Royan, toute sa famille arrive à Cognac pour ouvrir des restaurants dans les années 1980. Thomas ne revient à Royan qu’après ses études à l’âge de 23 ans, mais il n’en repartira plus ! Enfin … jusqu’au 1er octobre dernier.
Dans un sac à dos et une valise de 23 kg il emporte quelques affaires : tongs, ordinateur portable, maillots de bain. Il garde ses souvenirs dans la tête ! Avec des rêves et un projet solide bien qu’original, Thomas attend son avion à Roissy Charles de Gaulle pour une destination exotique … il nous accorde quelques minutes.
Vous embarquez avec nous ?
Bien évidemment passionné de chevaux depuis l’enfance, avec un papa dans le milieu de l’équitation classique, Thomas fait ses armes en concours complet. Un parcours scolaire classique le mène jusqu’en licence de génie mécanique, mais il ne trouve que peu de temps pour les cours d’équitation. Son père, ami de longue date de François Nicolle, l’incite à venir découvrir un autre type de chevaux … il a 16 ans lorsqu’il monte sur le dos d’un pur-sang pour son premier lot.
L’histoire qui suit, vous la connaissez … gentleman, cavalier d’entrainement, garçon de voyage, … et enfin jockey professionnel en 2011 jusqu’à la Cravache d’Argent en 2018.
Mais certaines interrogations restent en suspens …
Jeune retraité … il était amoureux de son métier. Il ne s’est rendu compte que tardivement que son entourage et le grand public suivaient ses performances. En effet comment parler de ce job si particulier à des novices : « Je leur disais d’allumer la chaine Equidia ou d’entrer dans un café PMU et de regarder les courses en leur disant : voilà, c’est ca que je fais … (rire). J’ai d’ailleurs réussi à en convaincre plus d’un, car c’est beaucoup plus attirant et passionnant de suivre et comprendre les courses lorsque vous en connaissez un acteur. Cependant, ces gens là ont cessé de s’y intéresser lors de l’annonce de la fin de ma carrière. D’où la réelle importance du contact entre les jockeys et le public. »
Jeune retraité … il arrête brutalement ce métier. Pourquoi ? Surement à cause des coups durs qui se sont accumulés. Des blessures, des mises à pieds qui ont entaché la motivation du jockey : « J’ai toujours fait ce métier avec énormément de passion, je ne me suis jamais posé de questions en me levant chaque matin, j’étais heureux d’aller travailler … mais les derniers mois, je l’étais moins. J’ai eu du mal à supporter la pression, je me faisais un peu moins plaisir. Certainement beaucoup plus attendu, il était devenu difficile, en toute franchise, d’assumer les performances ou contre performances. J’avais peur que l’année supplémentaire soit l’année de trop et que je ne me sente pas à l’aise dans ce que j’avais à faire. J’ai toujours voulu être maitre de mes choix, décider de ce que j’allais faire, tracer ma route et garder le contrôle de ma vie. Ce n’était plus vraiment le cas. J’ai donc décidé de suivre mon instinct et de poursuivre ma route dans une autre direction. »
Jeune retraité … il est ravi et fier de son parcours. Mais n’aurait-il pas un regret ? « Avec le recul, si il y avait quelque chose à refaire, je n’aurai pas du prendre mon joker pour aller monter trois courses à Dieppe en juillet l’année dernière, ca aurait peut être changer ma vie. J’avoue que ça a été une vraie bêtise que j’aurai pu largement éviter. Mais peut on réellement parler de regret ? Je ne crois pas. En effet, cette mise à pied est regrettable mais elle aurait pu arriver à n’importe quel moment … c’est le destin, je ne peux rien y faire. » (Pour rappel, n’ayant plus de joker, une nouvelle mise à pied le prive de prendre le départ de la Haye Jousselin 2018, remporté par BIPOLAIRE sous la selle de Jonathan Plouganou)
Jeune retraité … il est sorti du circuit, il a pris du recul sur le milieu, le métier … Comment voit-il l’avenir des courses ? « Je n’ai malheureusement pas d’idée de génie, je n’y ai pas réfléchit sérieusement. Je continue de regarder les courses et de suivre « mes chevaux » mais sincèrement je suis sorti de toute cette problématique. »
Jeune retraité … il se souviendra longtemps de : Ecurie François Nicolle sans qui rien n’aurait été possible. De BIPOLAIRE qui lui offre, entre autre, son Groupe 1 (Haye Jousselin 2017). De tous les bons jockeys du vestiaire de qui il a essayé d’observer les qualités, de s’en inspirer et de les reproduire.
Jeune retraité … les courses sont derrières lui. Quelques heures avant son envol pour l’Amérique centrale, que se passe t-il dans la tête de Thomas : « j’ai tout quitté, ca me fait bizarre, tout bouillonne. C’est un sentiment partagé : Content de partir vivre une aventure et en même temps stressé de sortir de ma zone de confort. Je sais où je vais, mais il y a forcément des paramètres incontrôlés et incontrôlables. Ce qui me rassure, c’est que ma famille et mes amis me soutiennent. Mon associé, déjà sur place, connaît bien le pays. Ce sont, pour le moment, des risques mesurés …
Nouvelle vie … que va t – il lui manquer le plus ? : « La bonne bière … (rire) … ma famille et mes amis de toute évidence. C’est une chance de les avoir rencontré et je sais qu’ils viendront me voir. Je les reverrais de toutes façons en France, je ne suis pas inquiet de ce coté là. Car peu importe comment se passe l’adaptation, je reviendrais pour les voir.»
Que va t – il lui manquer le moins ? : « LE FROID et LA PLUIE »
Nouvelle vie … Comment vous convaincre d’aller le voir : « Sortez des sentiers battus et des zones touristiques déjà connues et devenues presque banales ! En venant me voir, vous allez découvrir des choses jamais vues ailleurs, rencontrer des gens formidables … vous aurez des tas de souvenirs plein la tête à raconter en rentrant ! »
Nouvelle vie … où placer les chevaux dans cette aventure ? : « J’ai déjà rencontré un fermier – cow boy qui fait des balades sur la plage, toute proche de mon lieu de vie. Donc il paraît très probable pour moi d’aller faire un tour à dos de poney local … »
Nouvelle vie … mais en fait où part-il et pour quoi faire ? : « Il faut mettre dans le GPS … (rire) POPOYO au Nicaragua … pour y arriver : Paris –Miami / Miami – Managua / Managua – Popoyo et vous arrivez sur l’un des plus beaux spots de surf du monde. Je vous attends pour vous y initier … »
L’aventure est toute aussi excitante que de prendre le départ du Grand Steeple Chase de Paris … Bonne vague à toi Thomas !
Propos recueillis par Carole Desmetz Consulting