Il avait abordé 2011 avec 3 victoires au compteur. En une année, il en ajouté 43 à son palmarès, ce qui l’a placé en 29ème position, au niveau national, et lui a permis, surtout, de décrocher l’Etrier d’Or. En 2012, il n’a effectué son retour à la compétition que ce vendredi 17 février, « chez lui », à Mont-de-Marsan, et il y a signé… un coup de trois ! Thomas Henderson fêtera ses 18 ans le 25 mars prochain et, après s’être encore imposé, mardi 21 à Toulouse, il répond à toutes les questions.
D’après votre nom, vous êtes d’origine anglaise, non ?
Mon père, David, est anglais, effectivement, mais ma mère est française. Je suis né à Mont-de-Marsan.
Votre père est entraîneur…
Oui. Auparavant, il a longtemps été « sous-entraîneur » chez Charley Milbank, avant de devenir, Charles ayant quitté la France, l’assistant de John Hammond.
Pourquoi Mont-de-Marsan ?
Papa a voyagé un peu partout, il aime la France et a eu le coup de foudre pour la région de Mont-de-Marsan. Il s’y est installé. Ma mère, elle, a été la secrétaire de Pascal Bary.
Vous avez donc été bercé par les chevaux…
Bien sûr. Au début, les courses me plaisaient beaucoup. Je ne montais pas les chevaux de course, mais j’avais des poneys. Et puis, je ne sais pourquoi, ce goût m’est passé, je me suis moins intéressé à la vie de l’écurie.
Revirement, alors...
A 13 ou 14 ans, je ne sais pas vraiment pourquoi, le « virus » m’a repris. Peut-être parce que j’ai vu débuter ma sœur Julie, mon aînée de deux ans, en course pour amateurs… Mais je n’en suis pas sûr. En tout cas, il y a eu comme un « tilt », dans ma tête, et j’ai annoncé à ma mère que je voulais devenir jockey. D’autant, il faut bien l’avouer, que l’école, ce n’était pas trop mon truc.
Réaction ?
Elle l’a très bien pris, nous en avons parlé, et elle m’a inscrit à l’école AFASEC de Mont-de-Marsan.
Qui, pour maître d’apprentissage ?
Jean-Claude Rouget, pour qui je travaille toujours.
Facile ?
Tout s’est bien passé tout de suite, mais il m’a tout de même fallu un an pour m’adapter. J’ai alors commencé à faire galoper les pur-sang, le matin, puis, à 16 ans, Monsieur Rouget m’a fait porter les couleurs… La passion grandissait de jour en jour. Mais je ne me mettais pas souvent en selle, pour lui, et mon premier succès, le 28 mars 2010, je l’ai enregistré pour le compte d’Ana Imaz-Ceca, une professionnelle espagnole.
Le premier pour votre patron ?
Un an plus tard, à Saint-Cloud, avec Mrs Nobody, ma jument de cœur, avec, aussi, le Bougival de Maurice Bouland. Après cette victoire, Monsieur Rouget a fait beaucoup plus souvent appel à moi.
L’Etrier d’Or ?
En début d’année, je n’y ai absolument pas pensé, même en rêve. Ce n’était pas possible. Au fil des mois, les gens me disaient : « eh, accroche toi, tu peux le… décrocher ! ». Petit à petit, j’ai fini par y croire. Sur mon score de 43, cela a été à peu près du 50% - 50%, entre les représentants de mon patron et les montes « extérieures ».
Et une fois que vous l’avez obtenu ?
J’en ai été, et j’en suis toujours, très heureux. Une joie d’autant plus grande qu’elle est restée longtemps inattendue.
On ne vous avait pas revu depuis les fêtes. Où étiez-vous ?
Aux Etats-Unis, en stage chez Leonard Powell. J’ai participé à une dizaine d’épreuves, pour quelques places, à Hollywood et Santa Anita. Mais j’ai surtout appris beaucoup de choses, le matin, à l’entraînement, avec des méthodes de préparation différentes des nôtres. L’après-midi, sur les hippodromes, j’ai découvert d’autres tactiques. Je renouvellerais bien l’expérience.
Aviez-vous aussi « tâté » le terrain en Angleterre ?
Oui, là encore grâce à mon père. Pendant mes vacances, j’avais bossé, le matin, à Lambourn, chez Jean-René Auvray, seul entraîneur français installé outre Manche. Il a d’ailleurs déménagé, depuis, pour avoir ses pistes personnelles.
Etes-vous bilingue ?
Complètement, et je considère cela comme un bel avantage. Un atout, en tout cas.
Avez-vous disputé des « classiques » ?
Non. Il faut que le métier entre, c’est normal. Toutefois, B.J. Meehan, ce grand metteur au point britannique, qui exerce à Newmarket, m’avait confié l’un de ses pensionnaires, en novembre, dans le Grand Prix de Marseille, listed Race, dont nous avons fini sixièmes.
Que vous a dit Jean-Claude Rouget, à propos de votre Etrier d’Or ?
Il ne m’en a pas parlé, pour l’instant.
Comment voyez-vous votre avenir ?
Tant que tout se passera bien avec mon patron, je travaillerai pour lui. Je ne vois pas pourquoi je changerais…
Pas tenté par les « sirènes parisiennes » ?
Dans l’immédiat, pas du tout. Mieux vaut évoluer au sein d’une grande entreprise provinciale, comme celle de Monsieur Rouget, que dans une petite structure « parisienne ».
Vos objectifs 2012 ?
Perdre ma décharge. Il me reste 20 points à marquer, c’est donc dans le domaine du réalisable, normalement. Et, d’un côté plus « pratique », réussir à l’examen du permis de conduire et m’acheter une voiture…
Comment circulez-vous, actuellement ?
Je me débrouille toujours. Du covoiturage, avec des confrères, en train, ou dans les vans… C’est sympa, mais un peu contraignant.
Passer « pro » est parfois un frein, dans une carrière, le nombre de montes peut diminuer…
J’en suis bien conscient, et j’espère ne pas « prendre trop dur », à ce moment-là. Je n’ai pas d’agent et je ne peux que souhaiter que ceux qui me font confiance actuellement me la maintiendront, même si je n’aurai plus droit à quelques livres de « remise ».
A plus long terme ?
Le but, c’est de devenir un grand jockey. Mais, évidemment, le plus dur reste à faire.
Grand jockey comme qui ?
Nous ne manquons pas d’exemples, en France. Christophe Soumillon me plaît particulièrement, mais des fines cravaches comme Olivier Peslier ou Christophe Lemaire, entre autres, sont aussi des modèles.
Vous inspirez-vous d’eux ?
Disons que j’essaye de prendre ce qu’il y a de meilleur chez chacun, tout en gardant mes automatismes, s’ils ne sont pas mauvais. Et, même en province, je demande toujours des conseils aux cavaliers d’expérience.
Côté vie privée ?
Je suis célibataire.
Ce qui signifie « bonnes virées avec les copains » ?
Très, très rarement. J’ai peur des rumeurs. Mon métier est primordial, nécessite d’être en forme le matin, et une image de « pas sérieux » est difficile à concilier avec un agenda bien rempli.
Le poids ?
Je peux me mettre en selle à 52 kilos, sans régime, sans rien, ce qui me va très bien. D’ailleurs, mon patron ne veut pas que je descende en dessous. Et, de toute façon, je ne tiens pas à entrer dans le cercle « sauna », pilules…
Un dérivatif ?
La chasse. Je peux partir seul, des heures, avec mon chien, ou alors marcher dans les bois avec un ou deux amis. Si je n’avais pu m’orienter comme je l’ai fait, j’aurais choisi un boulot en rapport avec la chasse et la forêt.
Il y a un « Petit Bois », à Longchamp…