Depuis 2004, il a toujours fait partie du « Top 5 » des jockeys d’obstacle, avec une Cravache d’Argent en 2009, mais l’an dernier, où il a connu pratiquement six mois d’arrêt, pour une fracture du tibia et du péroné, survenue le 14 mars à Auteuil, il n’a pu conclure qu’à la huitième place, avec, tout de même 35 victoires. En décembre, à Toulouse, il s’est cassé le majeur de la main droite. Ce mois-ci, il a encore été éloigné des pistes, cette fois pour que les chirurgiens puissent retirer les broches dont sa jambe était munie. Mais David Berra, qui fêtera ses 34 ans le 13 mai, n’a pas raté son retour, le 23 mars à Enghien : un joli coup de deux, avec Toscana Conti, pour Emmanuel Clayeux, et Rosa d’Anjou, pour son patron, Laurent Viel.
De quoi retrouver le sourire ?
Oui. D’autant que j’avais arrêté, le 1er mars, sur un succès avec cette même Toscana Conti. Mon doigt cassé, ce n’était pas vraiment grave, en soi, mais cela m’a tout de même « foutu » le meeting d’hiver « en l’air »…
2011, finalement, n’a pas été si mauvaise…
Disons que j’ai réussi à « limiter les dégâts ».
Vous vous êtes souvent blessé, ces dernières saisons…
Oui. Je crois que chaque année, depuis 2006 ou 2007, je me suis vu sur la touche deux ou trois mois. Les côtes, 5, le premier coup, puis 6, le deuxième, puis 2… Trois ou quatre fois le péroné, et les inévitables clavicules. Pourtant, gamin, je faisais des « tonneaux », en me relevant toujours indemne. C’est peut-être l’âge…
Et votre taille ?
Je mesure 1 mètre 73. Pour un jockey, je suis grand et sec, comme toute la génération qui arrive.
L’Association des Jockeys ?
Chapeau. Pour tout ce qui est « papiers », je passais un coup de fil et ils se débrouillaient de tout, ils m’ont même avancé de l’argent, quand j’avais du mal à me faire payer, alors qu’eux-mêmes n’avaient pas été remboursés. Et une certaine Maria, que je n’ai jamais rencontrée et dont je ne connais que le prénom, m’a prouvé être vraiment très dévouée. L’ « Asso » est indispensable.
Comment vous est venue cette envie ?
Je suis originaire de Nort-sur-Erdre, mon père était un turfiste « minimal », mais, un gosse qui voulait s’orienter vers ce métier m’a communiqué son envie.
Alors ?
J’ai commencé à monter à cheval chez Christophe Martin, qui n’est plus entraîneur. Il a mis la clef sous la porte et je suis entré à la maison Familiale de Pouancé.
Ensuite ?
Jean-Louis Chasserio a été mon maître d’apprentissage. Il s’est bien occupé de moi, mais il n’avait plus trop de représentants à me confier, car je n’avais pas l’expérience nécessaire pour ses « purs », et je commençais à vouloir voir ailleurs.
Du coup ?
J’ai rejoint l’équipe, et ce n’est pas un vain mot, de Jean Dasque, deux ans avant son décès, à La Flèche. Là-bas, j’ai rencontré Olivier Potier, que je remercie encore.
La suite ?
J’ai beaucoup vadrouillé : Philippe Cottin, Serge Foucher, René Lecomte, je suis revenu à Senonnes chez Laurent Viel, jusqu’à ce que Yannick Fertillet me propose une place de première monte… Cela a duré 3 ou 4 ans... Parallèlement, je travaillais pour Philippe Peltier. Je suis d’ailleurs parti chez lui, pour 6 mois seulement. Ce n’était pas possible. C’est un méticuleux, donc un « gueulard », et notre cohabitation était impossible, même sans se fâcher. Nous nous sommes séparés en très bons termes et, d’ailleurs, je me mets en selle toujours en priorité, pour lui. Ses pensionnaires sont toujours très bien « mis », c’est un plaisir. Mais je suis retourné chez Laurent Viel.
Les bons souvenirs ?
Comment ne pas vous parler de Stodoun ? J’ai dû être associé à 20 reprises à cet élève de Yannick Fertillet, pour 15 succès, dont, à Cagnes, 2 « Grand Steeple », 2 « Grande Course de Haies », 2 « Grande course de Haies » de Nantes, la « Grande Course de Haies de Marseille », troisième de la Grande Course de Haies d’Auteuil… Il était à moitié « infirme », mais avait deux cœurs. Et, aussi,Monoalco, mon premier Groupe I, sous la casaque Peltier…
Combien de victoires ?
A peu près 550… Je n’ai pas tout mal fait…
Comment voyez-vous votre avenir ?
J’en ai marre de me faire mal.
C'est-à-dire ?
J’ai acheté une ferme, à Pouancé, l’an passé. J’ai toujours eu l’envie de m’installer entraîneur. Je connais les difficultés, mais je suis prêt à relever le défi. J’adore ce que je fais actuellement, mais il faudra bien que cela ait une fin.
Quand ?
Aucune idée. Dans pas très longtemps, sans doute. Ce sera sur le moment, pas prémédité.
Et, double « casquette », « jockey-entraîneur » ?
Non. Il faudra faire tourner « la boutique », tu commences avec un employé, et toi, bien sûr, et si tu te retrouves « out », après une mauvaise chute, sans parler des montes que tu perds, parce que les entraîneurs craignent qu’en descendant de cheval, tu leur « piques » leur protégé, puisque, toi aussi, tu sais préparer…
D’autres passions ?
Ce n’est pas une passion, mais je cours beaucoup, footing pour la forme et le poids. Sinon : la pêche ! Il ne se passe pas une réunion, avec Cyrille Gombeau, sans que nous ne parlions de nos expériences au bord de l’eau. Aussi passionné sois-tu, dans ce milieu, tu as forcément besoin de décompresser, Pour l’instant, je n’ai trouvé rien de mieux qu’un fil de nylon au gré du courant…