Mardi 29 mars, à Compiègne, pour son onzième essai dans des quintés, il s’est imposé pour la première fois, en selle sur Zinabaa, un pensionnaire de Michel Macé appartenant à l’écurie Victoria Dreams du « trotteur » Jean-Philippe Dubois. Pourtant, à 26 ans, et une centaine de victoires, Yannick Letondeur n’est plus ce que l’on appelle un « jeune jockey ».
A 6 ans, Zinabaa n’en était qu’à sa 9ème sortie…
C’est un « tardif », comme moi (rires)…
Quel a été votre itinéraire ?
Mon père, Albert, m’a transmis sa passion. Il a été apprenti pour la casaque de Marcel Boussac et a signé 70 gagnants avant d’être appelé sous les drapeaux. Quand il a fini son service national, il était beaucoup trop lourd pour poursuivre sa carrière. De fil en aiguille, il est devenu « premier garçon » chez Nicolas Clément. Les jours fériés, il m’emmenait avec lui, et je n’ai jamais eu d’autre idée que de travailler auprès des chevaux.
L’Ecole AFASEC du Moulin-à-Vent, à Gouvieux ?
Oui, avec Jean-Marc Capitte pour maître d’apprentissage. Deux ou trois ans plus tard, il a décidé de partir s’installer à Marseille. Je l’ai suivi, durant une douzaine de mois, mais je ne me plaisais pas, là-bas. Je suis revenu à Chantilly et j’ai rejoint l’équipe de Nicolas Clément. Je montais un peu en course, mais pas beaucoup.
Vous y êtes toujours, non ?
Oui, mais je l’avais quitté au bout d’un an, pour travailler chez Gérard Collet. J’y ai réalisé une superbe première saison, ponctuée par 26 succès. Puis Gérard a eu moins de chevaux, et je suis retourné à la case « départ », chez Nicolas Clément, en 2005.
Cela se passe bien ?
Oui. Il m’associe à tous ses partants, en province. Quand je me déplace en voiture, mon père, à la retraite, aujourd’hui, m’accompagne. Je roule beaucoup, environ 60.000 kilomètres par an, mais, désormais, il y a les TGV.
Et comment vous êtes-vous retrouvé sur Zinabaa ?
Michel Macé m’avait appelé, en fin d’année, pour que je pilote son élève à Angers. Nous l’avions emporté, et il m’a de nouveau fait confiance, pour ce quinté où le cheval effectuait sa rentrée.
Avez-vous un agent ?
Non. Je suis pourtant bien conscient que, maintenant, quand l’on veut « percer » en région parisienne, il est de plus en plus difficile de se passer des services d’un agent. Mais ce n’est pas vraiment dans ma mentalité. D’ailleurs, je sais qu’avant ce quinté, beaucoup de ces « conseillers » avaient téléphoné à Michel Macé pour proposer leurs jockeys attitrés. Ils le feront sans doute encore avant le prochain engagement de Zinabaa, dans l’événement du 19 avril. J’espère juste que Michel Macé me laissera sur son protégé…
Montez-vous assez, à votre goût ?
On trouve toujours que non, mais je ne me plains pas, je vis bien, j’ai une maison, à Saint-Leu d’Effrent, j’entretiens ma petite famille, sans que nous n’ayons à nous priver. J’admets toutefois que je ne pourrais pas exercer en free-lance ou ne pas travailler le matin. Je suis très heureux comme cela, je me contente largement de ce que j’ai, et je ne perds pas de vue que beaucoup de gens de mon âge n’ont pas la même situation, ni les mêmes revenus.
Avez-vous des modèles ?
Plus trop, non, même si Thierry Thulliez, Olivier Peslier ou Lanfranco Dettori m’impressionnent toujours autant. Ils ont une belle position, sont efficaces à la lutte et, surtout, ils respectent leurs montures, ne sont jamais durs avec. Cette dernière qualité est la plus importante, pour moi, et à ce sujet, j’estime que la règlementation concernant les coups de cravache va dans le bons sens. Et ces trois là, malgré leur statut de « vedettes » sont restés très simples, alors que certains, en plat bien davantage qu’en obstacle ou qu’au trot, se prennent rapidement pour « d’autres »…
Pensez-vous pouvoir encore vous « améliorer » ?
Non. Je commence à vieillir (rires) et je ne vais pas changer ma façon de monter maintenant. J’essaye toujours de faire de mon mieux, bien sûr, et de ne pas faire mal à mon partenaire. Dans ce métier, il faut le bon cheval au bon moment, et, dans mon cas, ce printemps, Zinabaa est peut-être celui qui m’aidera à me « faire voir ».
Qu’a dit votre père, ce mardi 29 mars ?
Il était vraiment content pour moi. Il a même pleuré…
Vous parliez de votre petite famille…
Ma femme, Magalie, que j’ai épousée le 12 juillet 2008, et notre petite Emmy, 18 mois.
Magalie comprend-t-elle vos obligations ?
Oui. Heureusement. Elle a travaillé chez Rodolphe Collet, mais elle a arrêté, quand Emmy s’est annoncée.
Des passions ?
J’adore le foot, j’ai d’ailleurs pratiqué, et j’aimais beaucoup le golf. Mais je n’y joue plus depuis la naissance d’Emmy. Un bon poker, avec des vraies cartes et de vrais amis, m’amuse aussi. Dans le même ordre d’idées, je suis toujours partant pour un barbecue, aux beaux jours, et une partie de pétanque avec les copains, sur le terrain de boules que j’ai aménagé dans notre jardin. Et ma famille est primordiale, pour moi. Je n’ai pas besoin de grand-chose d’autre.
Des objectifs ?
J’ai souvent terminé à l’arrivée de listed Races et je voudrais bien en épingler une…
Des projets ?
Pour la première fois, cette année, nous allons partir en vacances, cet été.
Longtemps ?
Une semaine. Il ne faut jamais abuser…