Mercredi 29 Décembre 2010
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Il venait de perdre sa décharge et, ce lundi 27 décembre à Deauville, il a enregistré le 72ème succès de sa carrière, qui plus est son premier quinté, pour son 7ème essai du genre. Cerise sur le gâteau, il était associé à son cheval de cœur, Silver Valny, qui signait, lui sa cinquième victoire, pour autant de « partenariats » avec le même cavalier. Thomas Messina, qui fêtera ses 25 ans le 25 mars, n’a laissé à personne le soin de lui offrir son cadeau de Noël. Comme il n’a jamais laissé personne décider de sa destinée…

Appartenez-vous à la famille de William Messina, cet ancien excellent poids léger ?

Pas du tout. Ma mère travaille dans un hôpital et mon père est directeur d’une fonderie.

Quel rapport avec les chevaux, alors ?

Je viens de Pancé, en Ille-et-Vilaine, un petit village dans les terres. Des amis de mes parents cherchaient un gamin pour monter leurs poneys, dans les courses locales. J’ai été intéressé et, de fil en aiguille, j’ai voulu continuer dans cette voie…

Papa, Maman, étaient d’accord ?

Pas trop, non. Ils estimaient que jockey, ce n’était pas un métier, ou tout au moins, pas pour moi… Il y a eu un « deal », j’ai continué le lycée jusqu’à 16 ans, puis je suis entré à l’école AFASEC du Moulin-à-Vent, à Gouvieux…

Pas trop dur de quitter le cocon familial ?

Non. Je pense que si, comme presque tous mes camarades, j’étais arrivé au Moulin à 14 ans, cela aurait été plus difficile. Mais il y a tout de même une différence sensible entre 14 et 16 ans…. J’avais déjà un peu plus de maturité, un peu moins besoin de ce fameux cocon…

Qui a été votre maître d’apprentissage ?

Richard Gibson, jusqu’à mes 18 ans. Un bon professeur mais je n’ai monté qu’à deux reprises, au Mans puis à Châlons-en-Champagne, durant cette période. Je voulais m’aligner davantage en compétition, découvrir les coulisses des courses, du garçon de voyage au premier garçon… J’ai pu rejoindre l’équipe de Cédric Boutin, que je savais très bon formateur. Il m’a donné ma chance, et j’ai d’ailleurs « fait » mon premier gagnant pour lui.

Mais vous l’avez quitté…

Oui. Au bout d’un an et demi, nous avons eu des divergences de vue. J’ai alors été embauché par Jean-Marie Béguigné, au service de qui je suis toujours…

Tout se passe bien ?

Jean-Marie Béguigné est un très grand professionnel, au pourcentage de réussite exceptionnel, et c’est aussi un homme de cœur. Chez lui, j’ai eu, et j’ai toujours, la chance de côtoyer Olivier Peslier, mon modèle, et un jockey d’expérience comme Norbert Jeanpierre. Norbert vient de repartir au Qatar. Il a toujours fait des « allers-retours » avec la France, mais lui aussi m’a beaucoup appris, beaucoup apporté.

Et votre « modèle » ?

Il m’a toujours donné de bons conseils, et il continue. Olivier, dans notre monde, est une star internationale, c’est une idole au Japon, et il n’a pas changé d’un pouce… Il est resté aussi simple, aussi abordable, aussi sympa que depuis ses débuts… J’en connais quelques-uns, qui sont loin d’avoir et son âge et son palmarès, qui feraient bien de prendre exemple sur lui.

Les observateurs vous ont toujours « rangé » parmi les apprentis prometteurs…

Je ne fais pas trop attention à ce qu’on dit de moi et, surtout, j’ai toujours tenu, par-dessus tout, à garder les pieds sur terre.

Et maintenant que vous êtes passé « pro », voyez-vous une différence ?

Quand vous perdez votre décharge, par la force des choses, certains entraîneurs ne vous appellent plus. C’est un cap à passer. Pour moi, c’est encore trop neuf pour que je puisse vraiment analyser. Mais une chose est sûre : si ça ne va plus, je n’hésiterais pas à « m’expatrier », en province, dans un premier temps…

En général, c’est l’inverse, qui se produit : on « perce » en province avant de « monter » à Paris…

Le principal, à mes yeux, c’est de monter. Souvent. Si je ne suis plus assez demandé en région parisienne, je serai capable de faire mes valises.

Même pour partir à l’étranger ?

Pourquoi pas ? Il faudrait voir ce que l’on me propose. J’aurais peut-être le mal du pays, mais ce serait intéressant, sans doute une expérience enrichissante.

Avez-vous un « agent » ?

Stéphanie Grohard… Elle n’est pas encore très connue, n’ayant commencé que l’an passé, avec moi.

Quelles sont, à votre avis, vos principales qualités ?

Je pense être sérieux, travailleur, je donne beaucoup de moi-même, je m’investis dans mon boulot. Et je crois aussi avoir la tête sur les épaules.

Et vos défauts ?

Je ne vais pas assez vers les gens. Je suis réservé. Je les aime, mais je ne suis pas démonstratif. Si j’étais un cheval, on dirait que je suis meilleur en course que le matin…

Des problèmes de poids ?

Je dois faire attention, mais, ça va. Il y a pire que moi. Si je dois me mettre en selle à 52 kilos, je dois passer par une petite séance de sauna, mais ce n’est pas méchant.

Etes-vous sportif ?

Je cours beaucoup, et j’aime bien le VTT. Cela dit, c’est très complémentaire avec mon « sport » préféré, l’hippisme. Le reste, je n’ai pas le temps.

D’autres passions ?

J’adore la pêche en mer. Mon père a un bateau et, tout petit, je l’accompagnais déjà. Nous étions souvent au bord de la mer. La pêche, à la dandinette, à la ligne ou autres, me repose. Sur l’eau, je me ressource…

Et encore ?

J’aime le cinéma, les grands films… Avec ma compagne, Emmanuelle, nous nous offrons une jolie « toile », quand nous le pouvons, comme un « restau » de temps en temps. Parfois, plus rarement, avec des copains. Mais je ne sors pas, pratiquement. J’aime ma petite vie tranquille. Je suis plutôt « métro-boulot-dodo »…

Que peut-on vous souhaiter pour 2011 ?

De continuer sur ma lancée, de progresser, quelques belles victoires… J’ai déjà terminé à l’arrivée de deux listed Races… Alors, en gagner une !

Et pourquoi pas plusieurs ?