Jeudi 4 mars, sur les haies de Fontainebleau, il a réussi le premier « coup de deux » de sa jeune carrière, alors qu’il ne disputait que deux épreuves dans la réunion. Il a de qui tenir : il est le fils de Jean-Yves Beaurain, le jockey d’obstacle au palmarès le plus glorieux… Mais c’est en empruntant des chemins de traverse que Thomas, 22 ans, a réalisé son rêve : monter en course.
Depuis quand désiriez vous devenir jockey ?
Depuis tout petit. Pratiquement dès que j’ai su marcher, j’ai accompagné mon père à Auteuil ou Enghien…
Avez-vous suivi les cours du Moulin à Vent, à Gouvieux ?
Non. Adolescent, je me voyais grandir et grossir avec angoisse… Et puis, mon père a tenu à ce que je poursuive mes études. J’ai obtenu un BEP de comptabilité. Cela ne m’empêchait pas de monter à cheval, le matin, à l’entraînement, pour papa, et puis j’ai goûté à la compétition en tant qu’amateur. J’ai gagné une bonne quinzaine de courses, en plat, et quelques-unes en obstacle… Et j’ai décidé de poursuivre, en tant que « pro », depuis octobre 2007.
Qu’a dit votre père ?
Une fois mon diplôme en poche, il a avoué qu’il n’avait plus rien à me conseiller, et il m’a laissé libre de mon choix.
Et vos problèmes de poids ?
Je mesure 1,76 mètre, et je me suis stabilisé à 63 kilos, mais en observant un régime, toute l’année. Le plat m’est donc interdit mais, de toute façon, l’obstacle m’a toujours attiré davantage. C’est en 2008, que cela s’était mal passé. Je m’étais fait une entorse du genou, qui m’a valu deux mois d’arrêt. J’ai pris quelques kilos superflus et, quand ton nom n’apparaît plus sur les programmes, ont t’oublie vite… Cette année là, j’ai fait 4 gagnants, pour 90 montes…
Satisfait ?
Pas vraiment… J’ai alors eu une proposition de Nicolas Bertran de Balanda. Je l’ai acceptée, je suis parti pour la banlieue lyonnaise, là où il est installé, et suis entré à son service le 24 février 2009.
Vous coupiez un peu les ponts avec l’écurie familiale, non ?
Ce n’est pas que je voulais quitter mon père, non, mais je voulais voler de mes propres ailes, voir autre chose. Me montrer à moi-même ce dont j’étais capable. C’était une sorte de défi à relever…
Tout se passe bien ?
Formidablement. Je m’entends très bien avec le patron, l’équipe est bonne, je suis le deuxième pilote « maison », derrière Florian Estrampes. Nous avons une soixantaine de chevaux, essentiellement pour l’obstacle, car Nicolas préfère cette spécialité… Pour lui aussi, ce doit être dans les gènes… Il y a donc largement du travail pour deux. D’ailleurs, en 2009, j’ai remporté 11 victoires, pour 126 montes.
Pourtant, vous avez réalisé votre coup de deux pour Yannick Fertillet…
Il avait fait appel à moi, à Cagnes-sur-Mer et, là, comme j’ai droit à 4 kilos de décharge, il m’a de nouveau demandé. Et, ce qui me fait plaisir, c’est qu’il m’a retenu, ce mardi 9 mars, pour une épreuve où les décharges ne peuvent s’appliquer.
Encore combien de succès, avant de la perdre, cette fameuse décharge ?
J’en compte 24, en obstacle. On devient « pro » à 35. J’aimerais bien pouvoir atteindre ce chiffre avant fin 2010. Je sais bien que c’est un cap toujours délicat à négocier, mais il faut bien passer par là. L’important, c’est de toujours faire de son mieux.
Avez-vous des modèles, dans le métier ?
Je pourrais vous répondre : mon père, bien sûr, avec ses 22 Groupes I. Mais Christophe Pieux est une véritable légende… Et, en ce qui concerne ma génération, David Cottin, qui est même plus jeune que moi, est un drôle de cavalier…
Que pensez-vous de l’Association des Jockeys ?
Elle fait du bon boulot. Les membres du bureau ne cherchent qu’à améliorer les choses. Moi qui ai découvert « la province », je me rends compte combien les hippodromes ont été sécurisés. Quand j’ai eu mon problème de genou, ou quand je me suis cassé une clavicule, les services de « l’Asso » m’ont tout bien expliqué, tout a été réglé comme il le fallait. Les dirigeants font des déplacements, ils sont venus à Lyon, à Marseille…, pour rencontrer les collègues. Ils sont très à l‘écoute, attentifs à toutes les remarques. Je crois sincèrement qu’ils vont dans le bon sens.