Il a fallu attendre le dévelop- pement de la photographie pour savoir qui, de l’"Aga Khan" Dalkala (Giant’s Cau- seway) et de la "Godolphin" tasaday (Nayef), a remporté le Prix de l’Opéra Longines (Gr1). Ce fut une question de balancier, et c’est finalement Dalkala qui a placé un nez décisif au passage du poteau. Son jockey, Christophe Soumillon, a su donner une course parfaite à sa partenaire. Il s’est placé dans le dos de celle qui s’annonçait comme la pouliche à battre, Tasaday. La course était menée par silasol (Monsun), qui craquera dans la ligne droite. Tasaday, qui a voyagé à l’extérieur de l’animatrice, à trois quarts de longueur et nez au vent, a pris le meilleur à mi-ligne droite. Dalkala s’est décalée à son ex- térieur, puis est revenue l’attaquer. Les deux pouliches se sont livré une belle lutte et la pouliche de Son Altesse l’Aga Khan l’a emporté, au balancier. thistle bird (Selkirk) a bien fini pour venir prendre la troisième place, à l’extérieur de Dalkala.
Le joyau sur la couronne de Dalkala
Dalkala était déjà gagnante de Grs2 : en France, dans le Qatar Prix de Royallieu, justement à l’occasion du week-end du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe, et en Angleterre, avec les Middleton Stakes. Pourtant, la pouliche avait un peu in- quiété en début de saison, notamment lorsqu’elle s’était classée neuvième du Grand Prix de Saint-Cloud (Gr1). Des rumeurs de retraite s’étaient d’ailleurs développées, mais la pouliche a montré ce dimanche qu’elle avait encore le men- tal et la qualité pour briller au niveau Groupe. « Elle avait peut-être besoin de reprendre un peu de moral, nous a ex- pliqué Georges Rimaud, directeur des Aga Khan Studs. Au- jourd’hui, elle est arrivée sur la course avec de la fraîcheur. » La fraîcheur a d’ailleurs été une des clés du succès, comme l’a expliqué son entraîneur, Alain de Royer Dupré : « Elle était fraîche pour cette course-là. Cela compte. Aujourd’hui, j’avais demandé à Christophe Soumillon de la protéger, étant donné que le terrain était tout de même plus lourd que nous le pensions. » Dalkala est désormais gagnante de Gr1, un plus incontestable pour son avenir au haras.
La retraite en vue ?
Dalkala est désormais âgée de 4ans, et la question de son avenir se pose logiquement. Va-t-elle rester à l’entraîne- ment, où va-t-elle rejoindre le haras ? Son Altesse l’Aga Khan nous a expliqué : « Vous savez, garder une pouliche à l’entraînement est un compromis au niveau de l’élevage. Une année de plus en compétition, c’est une année de per- due pour l’élevage, deux années, deux produits en moins. » Personne n’a explicitement dit que Dalkala allait désormais rejoindre le haras, mais c’est ce qui se ressent des propos de Son Altesse l’Aga Khan. « Les rares moments où j’ai laissé une jument à l’entraînement à 5ans, cela ne s’est pas avéré une sage décision », a-t-il-conclu.
L’expérience et la dureté, la clé du succès
Christophe Soumillon a su donner le parcours idéal à Dal- kala, et cela a été déterminant pour le succès. Mais la pou- liche avait d’autres atouts dans son jeu : son expérience, qui va de pair avec sa dureté. C’est ce qu’a expliqué son en- traîneur, Alain de Royer Dupré : « Il s'agit d'une jument qui a la particularité d’avoir couru assez souvent. Elle est très forte. Si quelqu’un vient l’attaquer, elle est capable de ré- sister. D’ailleurs, mener une carrière comme la sienne, c’est bien la preuve d’une belle solidité et d’un bon mental. » Dalkala a peut-être un défaut : celui d’être une pouliche assez anxieuse. Le Prix de l’Opéra Longines peut lui donner des ambitions de Breeders’ Cup, mais il serait étonnant qu’elle fasse le déplacement jusqu’aux États-Unis. Alain de Royer Dupré a déclaré à ce sujet : « Il faudra en parler. Mais c’est une pouliche très anxieuse. Par exemple, aujourd’hui, il a fallu la marcher deux heures. Aller en Angleterre, en ca- mion, c’est faisable. Mais les États-Unis, en avion, c’est dan- gereux : il peut y avoir des accidents, et pour une pouliche comme elle, avec son capital génétique et son modèle fait pour être une excellente poulinière, c’est dangereux. » En effet, Dalkala appartient à une famille chère au prince Karim Aga Khan, celle de Dalakhani notamment.(source JDG)