Mercredi 18 Juillet 2012
Julien Magniez

Fou de football, il l’a pratiqué jusqu’à ce qu’une autre passion le gagne : les chevaux… La semaine dernière, il s’est offert, un peu en avance, son cadeau d’anniversaire, lui qui fêtera ses 19 ans le 2 août. Sa première victoire « parisienne », en selle sur Généreuse Gold, qui plus est à Chantilly, sa terre d’élection, et pour sa « patronne », Corine Barande Barbe. Pour environ  80 montes, il avait déjà franchi le poteau en tête à 5 reprises, mais en province… Là, Julien Magniez ouvrait vraiment le score au Parc des Princes… de Condé.

D’où êtes-vous originaire ?

Du Pas-de-Calais. Mon père est chef de chantier et ma mère travaille dans les fruits et légumes « bio ». Nous n’avons rien à voir avec le monde hippique.

Comment vous est venue cette idée, alors ?

Tout bêtement en regardant le quinté à la télé. Le spectacle me fascinait. Je devais avoir une dizaine d’années quand j’ai déclaré à mes parents que je voulais devenir jockey.

Etiez-vous déjà monté à cheval ?

Non, je jouais dans une équipe de foot, mais j’ai eu envie, et eu la chance, de pouvoir, aussi, me rendre dans un poney-club, puis un club hippique. Cela n’a fait que renforcer mon envie.

Des courses de poneys, ou du « concours » ?

Non plus.

Quand on parle du Pas-de-Calais, on pense plutôt aux trotteurs…

C’est vrai mais, curieusement, cette discipline ne m’a jamais attiré. La vitesse du galop, le côté plus naturel…

La suite ?

A 15 ans, en septembre 2008, j’ai intégré l’école AFASEC du Moulin-à-Vent, à Gouvieux.

Pas trop dur ?

Les premiers temps, si. Ma famille, mon frère aîné, qui a aujourd’hui 21 ans, et ma petite soeur, qui en a 14, me manquaient… Cela dit, en principe, je pouvais retourner chez moi tous les week-ends. Et puis, il fallait que j’apprenne, je n’étais pas formaté « courses ».

Corine a-t-elle été, initialement, votre maître d’apprentissage ?

Non. Ce fut Jean-Yves Beaurain, qui a commencé à me dégrossir, mais il est tombé malade et, malheureusement, nous a quittés. Je suis alors passé chez Mme Barande Barbe. Encore deux ans d’apprentissage et, depuis un an, j’y suis salarié.

Quand avez-vous débuté en compétition ?

J’ai rejoint l’équipe de Corinne en septembre 2009 et j’ai pris mon premier « départ » en octobre 2010.

Avec un résultat ?

Non. J’avais mal monté. Mais la « patronne » ne m’a pas engueulé, elle m’a expliqué certaines choses. L’hiver est passé, et mon deuxième essai a eu lieu en avril 2011. Un peu plus tard, j’ai signé mon premier succès à Lyon-Parilly, avec « notre » Milord des Aigles.

Il y en a eu quatre autres, depuis, en province. Vous n’hésitez donc pas à vous déplacer mais, avez-vous une voiture ?

Non. Mais, à Chantilly, nous sommes gâtés : des navettes, comme celle de Julien Planchard, emmènent les jockeys là où ils doivent se rendre.

Vous habitez à l’écurie ?

Non. Dans un studio, à Chantilly même.

Vous y vivez seul ?

Oui. Mais je parviens à me débrouiller.

Revenons à cette première « parisienne »… Qu’avez-vous ressenti ?

La plus grande joie de ma vie, même si, Milord, à Lyon, ce n’était pas mal non plus.

Qu’a dit Corine ?

Elle m’a félicité, d’entrée, puis m’a demandé de lui expliquer le déroulement de l’épreuve et a fini par « Bravo ! »

Avez-vous des modèles ?

Non, pas vraiment. Mais j’écoute les conseils de grands cavaliers comme Olivier Peslier, Thierry Thulliez, etc, et je regarde attentivement comment ils réagissent, pendant une course. J’essaye de comprendre, et de prendre ce qu’il y a de meilleur chez chacun.

Visionnez-vous aussi les vidéos où vous êtes concerné ?

Bien sûr, et je n’hésite pas à m’autocritiquer. Je ne peux que constater les progrès que j’ai à faire.

Pour arriver où ?

A pouvoir participer à de grandes épreuves. Comme nous tous, je rêve de Groupes et, summum pour l’instant utopique, de l’Arc, même si je sais que j’ai un immense chemin à parcourir pour y accéder.

Des visées immédiates ?

Monter davantage, comme pour « l’extérieur », où je commence à être demandé,  car je prends vraiment du plaisir, en selle, et gagner des courses. J’ai encore de la marge avant de perdre ma décharge.

Avez-vous un agent ?

Je suis encore un peu « petit », pour cela.

Des problèmes de poids ?

Aucun, je mesure un mètre 65, pèse 49 kilos, tout mouillé, et, même s’il se peut que je grandisse encore un peu, je ne pense pas prendre beaucoup de livres.

La vie à l’écurie ?

Super. Tout se passe bien. Mme Barande Barbe est proche de son personnel et elle adore ses chevaux.

Avez-vous déjà pu être le partenaire de Cirrus des Aigles, à l'entraînement ?

Depuis qu’il est revenu de Dubaï, il y a trois mois, je lui suis associé tous les matins…

Vos impressions ?

Il n’est pas pareil que les autres (sourire admiratif)

Que pensez-vous de ce fameux contrôle anti-dopage positif, le jour du Prix d’Ispahan, dont Cirrus avait terminé deuxième, derrière Golden Lilac ?

C’est incompréhensible. Je dirai même très bizarre. A l’écurie, avec Mme Barande Barbe la première, qui a été très choquée, c’est un euphémisme de dire que nous avons été surpris. J’espère, et nous espérons tous, que toute la lumière sera faite sur ce qui, pour nous, est inexplicable.

Et le foot ?

Je n’ai plus vraiment le temps de pratiquer mais, sauf exception, je ne manque pas un beau match, à la télé.

Une équipe fétiche ?

Lens !

Les « Sang et Or ». Et, pourquoi donc ?

(rires) Devinez !...