Ce jeudi 17 mars 2011 restera sans doute gravé à jamais dans sa mémoire. Lui qui fêtera ses 19 ans le 18 mai, y a signé sa première victoire « PMU », à Deauville, pour son nouveau patron, Yves de Nicolay. Et, avant l’hippisme, le sport, il connaissait déjà : Pierre Tomas avait décroché le titre de Champion de France « minime » de Gymnastique…
Comment passe-t-on de la « Gym » au cheval ?
Mon père, par ailleurs cuisinier, dans la région nantaise, est un turfiste assidu, et il compte des amis parmi les entraîneurs, comme Henri Van de Poële, désormais à la retraite, ou Patrick Nicot. Il m’a transmis sa passion. En l’accompagnant sur les hippodromes, j’ai immédiatement été emballé.
Poney-club ?
Non, j’ai eu la chance de pouvoir approcher les chevaux dans de petites écuries, comme celle d’Erick Sotteau. Je devais avoir 13 ans, disons que ces premiers contacts m’ont « dégrossi ».
Vu vos résultats, pourquoi ne pas avoir continué la Gymnastique ?
J’étais en « Sport Etudes », et j’avais du mal à suivre, à la fois, l’entraînement nécessaire et l’école. Et puis, même si l’on arrive au plus haut niveau, on ne peut malheureusement pas vivre de la Gymnastique et, même quand on a la passion, il faut gagner des sous… A 14 ans, j’ai choisi d’entrer à l’AFASEC, et j’ai été admis au Moulin-à-Vent, à Gouvieux.
Pas trop dur, « l’exil » ?
Non. J’avais l’habitude des internats. Carlos Laffon-Parias a été mon maître d’apprentissage. Durant les trois ans passés chez lui, il m’a beaucoup appris, m’a inculqué les bases. Il m’a très bien encadré, prodigué beaucoup de conseils, m’a fait, au fil du temps, galoper de bons poulains et participer à 11 courses « école ».
C’est bien, ces courses « école » ?
Oui. Cela aide, mais ce n’est pas tout à fait ça. Ce n’est pas la compétition proprement dite. Et, moi, je voulais vraiment débuter « pour de vrai ». Je suis donc parti chez Philippe Van de Poële, à Deauville. Pour lui, j’ai enregistré mon premier gagnant, à Sablé-sur-Sarthe, l’an dernier et, dans la foulée, je me suis aussi imposé à Saint-Brieuc, cette fois pour Jean-François Doucet. Mais il s’agissait d’épreuves « hors PMU ».
Vous êtes désormais au service d’Yves de Nicolay, toujours à Deauville…
Depuis le 21 février. Philippe Van de Poële m’a permis de voir autre chose, mais je ne me mettais toujours pas assez en selle, à mon goût. J’ai eu l’opportunité de rejoindre l’équipe d’Yves de Nicolay, et j’ai sauté sur l’occasion. Je découvre encore un monde différent. Je pars du principe que si j’arrive à m’adapter à tout, je ne serai jamais perdu, au contraire d’un apprenti qui aurait passé dix ans dans le même établissement et qui pourrait être perturbé si, d’un coup, il fallait qu’il abandonne ses bonnes vieilles habitudes, ses façons de travailler…
Et cette victoire, jeudi ?
Un plaisir immense. Ce n’était que mon deuxième essai, pour mon patron, et tout s’est déroulé comme dans un rêve. Ca me donne l’envie. Et… mon père m’a aussitôt passé un petit coup de fil… Ca fait chaud au cœur.
Vous avez opté pour rester au milieu de la piste en sable fibré, alors que, depuis le début de la réunion, les plus fines cravaches avaient choisi de venir conclure le long de la lice extérieure. Votre propre initiative ?
Non. J’avais tiré un mauvais numéro à la corde et Monsieur de Nicolay m’avait dit de ne pas m’occuper des autres et d’aller au plus court.
Vous attendiez-vous à ce succès ?
Sincèrement, non, et c’est tant mieux, car, de ce fait, je ne m’étais pas mis « la pression ». C’est l’un de mes défauts, me stresser tout seul avant le départ, avec l’envie absolue de ne pas « merder », de faire au mieux. Il faut aussi que je devienne plus fort à la lutte…
Vous devez tout de même avoir aussi des qualités ?
Je ne sais pas. Je suis très travailleur, oui… Le reste, ce n’est pas à moi de juger.
Vous adonnez-vous toujours à la Gymnastique ?
Plus du tout. Je cours beaucoup, pour la forme et pour le souffle.
De grands jockeys vous inspirent-ils ?
Chacun à sa monte particulière, ses réflexes, ses mécanismes… Les trois meilleurs, pour moi, sont Christophe Soumillon, Olivier Peslier, et le très fin Christophe Lemaire. Mais regardez-les, ils sont tous trois très différents, à cheval, et parviennent à tirer la quintessence de leurs partenaires… Olivier est le premier à venir vous « choper », après une course, pour vous dire ce qui allait ou n’allait pas, dans votre comportement, ce que vous pouvez améliorer, quel geste il vous faut gommer. Il est d’une simplicité extraordinaire… D’ailleurs, les trois que je viens de vous citer, on ne les entend jamais, dans les vestiaires.
Des objectifs ?
Je voudrais remporter entre 5 et 10 épreuves dans l’année, dans un premier temps, ne pas décevoir mon patron. Il ne faut pas brûler les étapes, j’ai tant de progrès à accomplir…
Des loisirs ?
Je n’ai pas beaucoup de temps. J’aime bien un petit restau, avec mon amie, ou les copains, comme Théo Bachelot. Je n’ai pas de problèmes de poids, je peux monter à 51,5 kilos, 51, en faisant attention.
En conclusion ?
J’ai hâte de me retrouver de nouveau dans un peloton…