Lundi 20 Septembre 2010
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Le lundi 13 septembre, à Maisons-Laffitte, il a remporté sa 70ème victoire en plat, avec Drive Away, pour Guy Chérel. Il est donc passé professionnel. L’objectif qu’il s’était fixé pour 2010. Mais Franck Paniccuci, qui fêtera ses 24 ans dans quelques mois, monte désormais surtout… en obstacle ! Retour sur son itinéraire.

De quelle région êtes-vous ?

Nîmes.

Des proches dans la profession ?

Pas du tout. Mon père n’est même pas turfiste.

Alors, comment vous est venu le goût des courses ?

Nous avions des amis, en Camargue, qui avaient des chevaux, des manades. De temps en temps, pendant les vacances, je partais avec eux en balade. Mais je n’étais vraiment qu’un petit amateur…

Alors ?

Je n’aimais pas beaucoup l’école, et je n’étais pas très bon… M’est venue l’idée d’entrer à l’AFASEC. La plus proche se situait à Callas, près de Marseille. J’ai effectué les tests, j’ai été retenu pour des stages… Tout m’a plu…

Vos parents n’ont pas fait de difficultés ?

Non. Ils m’ont juste demandé si j’étais sûr de ma décision. Et, ensuite, quand j’ai failli arrêter, parce que c’était très dur, au début, je n’avais pas beaucoup de force, ils m’ont posé la même question, dans l’autre sens… Je me suis accroché.

Vous le regrettez ?

Pas du tout.

Qui a été votre maître d’apprentissage ?

Frédéric Pardon. J’y suis resté un an et demi, avant de rejoindre Sid Ali Ghoumrassi, pour trois ans. Pour lui, je n’ai participé qu’à une dizaine de courses. J’ai eu envie de tenter « l’aventure parisienne »…

Chez qui ?

Carlos Laffon-Parias m’a accueilli. Six mois plus tard, je remportais ma première victoire, à Maisons-Laffite, avec Moon Catcher. Je ne vous dis pas les frissons, cette joie qui vous brule l’intérieur… Voilà, moi qui arrivais de ma province, je pouvais gagner à Paris, pour une grande écurie. Ce n’était pas un rêve…

Pourquoi avoir quitté Carlos ?

Des problèmes de poids. Un hiver, où il n’a eu que très peu de partants, notamment à Deauville, et où je n’ai donc que très peu monté, je suis passé de 53 à 60 kilos !

Par gourmandise ?

J’aime bien manger, mais j’ai toujours fait attention. Non, par manque d’activité et, aussi, de motivation…

Avez-vous maigri, ensuite ?

Oui, bien sûr. J’ai fait de gros efforts, je suis redescendu à 54. Mais j’ai eu aussi recours à des diurétiques, des cachets qui ne sont vraiment pas bons pour la santé, et plusieurs personnes, autour de moi, ont connu de sérieux problèmes, avec ces pilules. Alors, j’ai arrêté. Aujourd’hui, je peux me mettre en selle à 56,5, c’est beaucoup trop pour une carrière en plat, à moins d’être une vedette, de disputer des Groupes ou d’être associé au « top-weight » des gros handicaps, ce qui n’est pas mon cas…

Vous avez donc changé d’orientation…

Il le fallait. Je suis entré chez Jean-Paul Gallorini. Une très bonne école, mais il m’a fait comprendre qu’il n’aurait pas beaucoup de chevaux à me confier, en compétition, pour me former. Je suis donc parti chez Jehan Bertran de Balanda, pour qui j’ai enregistré mon premier succès, sur les « balais », avec Joli Précy, à Strasbourg. Encore un grand moment…

Passer du plat à l’obstacle n’a pas été trop difficile ?

Je redevenais un débutant… Tout est différent. Le plat, c’est plus facile. Il suffit de s’asseoir, tenir ses rênes et faire du mieux possible. En obstacle, il faut davantage sentir son cheval, l’amener dans la bonne foulée devant la difficulté qui se présente, c’est plus technique, plus tactique, aussi…

Quelle discipline préférez-vous ?

J’adore les deux. Disons qu’en obstacle, il y a plus d’adrénaline, que le rôle du jockey est plus important encore.

Vous êtes maintenant au service d’Hervé Billot, à Maisons-Laffitte…

Depuis un an et demi, après deux ans chez Jehan Bertran de Balanda. L’ambiance y est excellente, tout le monde travaille dans le bon sens. Evidemment, nous n’avons pas de « phénomènes », et il faut exploiter les pensionnaires du mieux possible. Alors, surtout le week end, je « fais » beaucoup de province…

Vous êtes marié ?

J’ai une compagne, Mélanie, que j’ai rencontrée chez Jean-Paul Gallorini. Depuis 18 mois, elle a cessé ses activités de cavalière, et elle a rejoint France-Galop. Mais elle comprend parfaitement mon métier et les sacrifices obligés qui en découlent… Les femmes « étrangères » à notre milieu ont souvent du mal à admettre ces obligations. C’est un gros avantage, pour moi.

Plus de décharge, en plat, donc…

Je sais que je ne vais plus être trop demandé… Peut-être dans les épreuves pour cavaliers n’ayant pas gagné 15 courses dans l’année, comme avec Drive Away

Vous n’aviez pas enlevé 15 épreuves, en 2010 ?

Non. Avec Drive Away, cela fait 6, en plat, et il y en a également 8, en obstacle, dont 3 à Auteuil, ce qui fait 13, en tout. Cela correspond à mes espérances. Je voulais faire mieux, et ce n’était pas fixer la barre trop haut, que l’an passé, où il n’y en avait eu qu’une dans chaque spécialité. En septembre, déjà deux en plat et une en obstacle.

Vous vous fixez des objectifs ?

Cela m’arrive. Je voulais absolument décrocher la 70ème, en plat, cette saison car, à 25 ans, on perd automatiquement sa décharge, même si l’on n’est pas parvenu à franchir le cap. C’est fait.

Prochain défi ?

Je suis loin des 35, en obstacle, mais j’aimerais bien en ajouter 4 ou 5, avant la fin de l’année. C’est dans le domaine du possible.

Avez-vous un « agent » ?

Non ! Ce n’est pas essentiel, à mes yeux. Pour les grands noms, qui ont le choix de leurs partenaires, oui… En ce qui me concerne, des entraîneurs commencent à faire appel à moi, même si cette semaine me paraît bien creuse. Rien à Auteuil, ce lundi 20 septembre, et rien avant ce week end. Je ne vais pas aller jusqu’à dire que c’est frustrant, mais ça fait drôle…

D’autres passions ?

Le foot… Tous les mardis, nous nous retrouvons, à une bonne vingtaine, du microcosme ou non, sur le stade de Maisons-Laffitte, pour un bon match… J’ai même pensé m’inscrire dans un club, mais, au niveau de mon emploi du temps, les séances d’entraînement étaient trop contraignantes. Grâce à Boris Chameraud et Claude Boileau, j’ai découvert le golf, début 2009. Tous m’avaient dit « Tu va voir, c’est très relaxant »… Moi qui m’énerve dès que ne parviens pas à faire ce que je veux, je n’y croyais pas… Et c’est pourtant vrai… Malheureusement, je n’ai pu m’exercer depuis 6 mois, et j’ai trop peur d’affronter les copains, qui sont trop bons pour mon niveau… Je vais m’y remettre tranquillement, même si, comme le vélo, ça ne se perd pas…

Un autre challenge ?

Ce n’est pas un challenge. C’est un rêve… Gagner un Groupe, en plat ou en obstacle, je ne suis pas sectaire. Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai pas eu l’occasion de m’aligner au départ d’une telle épreuve. J’espère que cela va venir…