Mardi 16 Mars 2021
Rencontre avec Benjamin Hubert

Bercé aux rythmes des courses hippiques par ses grands-parents maternels, Benjamin Hubert, jockey depuis plus de 15 ans, a décidé de raccrocher les bottes en octobre dernier.
Une décision murement réfléchie, mais déclenchée suite à un accident en course de sa compagne Chloé Gendron, jockey également. Décidé à aider Chloé dans son métier au quotidien, Benjamin s’est tout de suite dirigé vers la profession d’agent de jockey. Passionné de chevaux et motivé par le monde des courses, cette reconversion paraissait évidente.

Les débuts :

Originaire de Cossé-le-Vivien, avec un grand-père président des courses de poney de l'Ouest et une grand-mère d’un soutien infaillible, il était évident que Benjamin finirait tôt ou tard sur le dos d’un cheval.  
Depuis tout petit, il était de tous les pique-niques pendant les compétitions des courses de poneys. Il ne tarda pas à y participer. Il avoue que son grand-père, pour qui il a beaucoup de respect, était dur avec lui. Il admet avec le recul, que ça a été très formateur pour le reste de sa vie professionnelle. Il remercie sincèrement sa grand-mère qui a fait beaucoup d'allers-retours (dans la Mégane familiale) pour l’emmener aux entraînements des courses de poneys chez Monsieur Robert Peslier. Il portait fièrement sa tenue de jockey sur les hippodromes, même à pied. C’est Matthieu Androuin qui montait sa ponette de course, dénommée EAGLE. « Dès que Matthieu était à l’arrivée, il partageait ses cadeaux avec moi …, ce sont vraiment des superbes souvenirs »

La famille :

Même si ses grands-parents lui ont transmis de toute évidence la passion du cheval et des courses, ses parents, totalement néophytes, ont toujours été présents. Un peu inquiets, ils l’ont toujours soutenu à fond, que ce soit dans sa carrière de jockey ou aujourd’hui en tant qu'agent. Il rigole en expliquant que sa maman ne connait rien de son ancien métier, et que la seule fois où elle est venue le voir, il s’est cassé le poignet … 

La formation :

Formé au lycée agricole de Laval, ses camarades de la même génération ont des noms bien connus des pelotons : Maxime Guyon, qui habitait à 300 mètres de chez ses grands-parents, Steven Colas, Fabien Lefebvre, Adrien Fouassier ou encore Thomas Messina.

La carrière : 

Avec plus de 200 gagnants, il y a des victoires gravées : la première, à 16 ans avec OSCAR D’ARGOS en plat à Morlay, une monte qui n’était pas prévue et qu’il remporte de bout en bout. La carrière est lancée. Vient ensuite la victoire du Grand Cross de Saumur à 18 ans avec ITADOR pour son maître d’apprentissage Eric Leray. Il se souvient également des trois quintés gagnés pour Norbert Leenders à qui il doit beaucoup. 
Nostalgique, il déclare « Devenir Jockey c'était le souhait de mon papy, mais c'est devenu de plus en plus naturel pour moi étant donnée mon éducation. »

La dernière monte :

La décision était prise, murement réfléchie, Benjamin savait qu’il allait arrêter son métier de jockey. Dans la confidence, Chloé, qui l’accompagne pour le voir une dernière fois en jockey et Christopher Grosbois dans la voiture avec eux. C’était le 12 octobre 2020 à Nantes avec REBEL QUEEN pour Stéphane Gouyette. Une 4ème place pour une course plaisir.

La reconversion : 

« Il y a quelque temps, le manque de montes en course des dernières années a déclenché la réflexion, mais l’accident de ma femme en course à Landivisiau a été un choc. 
Je pense qu’il est très important que les jockeys soient aidés. Peu importe qu’ils soient dans le haut du tableau, bien au contraire. Je pense que le rôle d’un agent va au-delà de trouver des montes, c’est un véritable accompagnement, sportif, administratif, psychologique, un échange d’expériences, des analyses …
J'ai toujours aimé travailler, regarder, observer et faire le papier des courses. 
Une fois la décision prise, tout s’est enchainé très vite. J’ai arrêté le lundi, j’ai envoyé ma demande d’agrément à France Galop le mardi, une semaine plus tard, j’étais agent de jockey. Je m’y étais préparé mentalement, j’étais prêt, et content d’avoir fait le bon choix au bon moment. Cependant, je continue à monter à l’entrainement tous les matins chez François Monfort à Senonnes - Pouancé pour garder la forme et le rythme avec mes pilotes. »

L’Asso des Jockeys :

« Je tiens à remercier l'Association des Jockeys qui est toujours présente au moindre problème, que ce soit pour la santé, pour des problèmes d’ordre financier ou administratif. » 

Remerciements : 

« Je tiens à remercier mon maître d'apprentissage Eric Leray ainsi que Norbert Leenders, Patrick Andorin, mon ancien agent, les personnes des écuries, les propriétaires, les éleveurs, ma famille, mes filles, ma femme et les personnes qui m'ont toujours soutenu. Je tiens également à cette occasion remercier sincèrement François Monfort avec qui j’échange beaucoup, qui me fait confiance ainsi qu’à « mes jockeys » quand cela est possible et qui a su me donner ma chance en tant qu’agent. »

Le mot de la fin :

« J’avoue avoir un manque de mes potes dans le vestiaire, les rigolades, les critiques en se charriant et la petite bière après les courses.
Aujourd’hui, avec ma nouvelle activité, je souhaite un maximum de victoires à toute mon équipe avec une reconnaissance du travail bien fait.
Mon équipe (Chloé Gendron, Coline Ravelli, Axel Baron, Antoine Subias, Yoann Barille, Yoann Rousset en plat et Antoine Coupu en obstacle) et moi-même sommes motivés pour gagner des courses, Rendez-vous sur les hippodromes »

Ce que vous avez toujours voulu savoir sur Benjamin Hubert : 

D’autres passions : Le foot « vive Paris » et la pêche

Un surnom :

Benj ou Bérangère. « Cela fera plaisir à un ami de longue date, Ludovic Solignac L’anecdote : j'ai été battu à la lutte à Auteuil par un jockey d'obstacle et que je suis soi-disant jockey de plat »


Propos recueillis par Carole Desmetz - Photo : Aprh Agence de Presse (Benjamin et BALDY D'AZE - Prix Claude Munet - Angers)