Jeudi 9 Juillet 2015
Christophe Patrice LEMAIRE et Soufyane MOULIN

Depuis 8 mois, Soufyane Moulin a quitté la France pour exercer sa profession de jockey en Australie. Quant à Christophe Lemaire, il vient de décrocher son visa permanent pour le Japon où il fait désormais partie des tous meilleurs jockeys.

« Vous pouvez m’appeler demain vers 18h… heure australienne. » Le réflexe idiot du journaliste, c’est d’ensuite espérer très fort que le décalage horaire ne joue pas en la défaveur de sa nuit à venir.

Tout va bien, nous nous entretenons à 10h heure française, avec Soufyane Moulin. Non, au premier appel, en fait, nous tombons sur son répondeur. Dont le message est enregistré dans un anglais parfait, accent australien en prime.

Il faut dire que cela fait maintenant 8 mois que le jockey français évolue au pays des kangourous, au sein de la célèbre Team Godolphin.

Et ils sont nombreux, à l’instar de Soufyane Moulin, à avoir choisi de quitter la France pour aller tenter l’aventure en terres étrangères : Christophe Lemaire (Japon), Flavien Prat (Etats-Unis), Thomas Huet (Australie), mais également chez les trotteurs Nicolas Roussel (Etats-Unis) ou encore Louis Baudron (Australie)…

Les causes sont multiples : certains poursuivent un « rêve de gosse » (Nicolas Roussel), d’autres profitent d’une opportunité professionnelle…

« J’ai vu une annonce de l’écurie Godolphin, j’ai postulé sur internet. » Dans le récit de Soufyane Moulin, tout semble avoir été évident. « Faut dire que je marche toujours à l’instinct : quand je veux un truc, je n’en démords pas. » 

Soufyane Moulin

Et lorsqu’il décide de partir, recruté par la prestigieuse écurie, en Australie, c’est vraiment pour un nouveau départ. « Je n’ai pas pris grand-chose dans mes bagages, juste mes affaires de courses et quelques photos. C’était vraiment une nouvelle vie : dans ma tête, je repartais de zéro ».

Arrivé dans l’écurie Godolphin, le jeune homme s’ennuie ferme. « J’ai fait du petit trot à l’écurie pendant deux semaines, et quelques galops de chasse. » Toujours fonctionnant à l’instinct, il décide de prendre son téléphone et de joindre Chris Waller« Dans sa voix, j’ai senti de l’enthousiasme et une réelle envie de m’aider. » Il intègre donc la meilleure écurie australienne et obtient sa licence de course.

En Australie, ladite licence nécessite un bilinguisme parfait. « Ils m’ont fait revenir à l’école ! » Soufyane Moulin ne se décourage pas, apprend, fait ses preuves dans des courses test, et obtient finalement le papier convoité. Pour autant, il monte toujours très peu en courseAu total, une vingtaine de partants au compteur et quelques places. Mais Soufyane s’accroche : « Une fois que t’es parti, de toute façon, tu fonces ! »

La prochaine échéance, pour lui, c’est novembre : il devra alors décider de s’il rentre en France ou reste pour quatre années supplémentaires. Gageons qu’il marchera à l’instinct, comme toujours, et qu’il saura prendre la bonne décision.

Pour Christophe Lemaire, tout s’est fait plus progressivement. De son côté, on sent le sens du timing, le caractère réfléchi et programmé de son choix. « J’ai fait 13 saisons au Japon avant de décider de m’y installer. Je me disais que si un jour j’avais cette opportunité, j’irais, mais qu’il faudrait pour ceci que je ne sois plus sous contrat avec quiconque. » Ainsi, la fenêtre de tir, il ne l’a trouvée que cette année.

Christophe Lemaire a été le premier jockey étranger de l’histoire à obtenir un visa permanent japonais. Pour ce faire, il a dû passer plusieurs épreuves de maîtrise de la langue et de la culture équine locale. En février, il a donc décroché le Graal et ainsi la possibilité de désormais rester au Japon, à l’année.

Cette année, C.-P. Lemaire compte pour le moment 39 victoires en 198 montes, ce qui le place au 10e rang du classement des jockeys japonais (alors qu’il n’a pu débuter qu’en avril) sur le circuit de la JRA, avec le meilleur ratio de victoires.

Christophe Lemaire

« Le plus compliqué, ce furent les contraintes administratives pour toute la famille… » Parce qu’il est parti avec sa femme et ses deux enfants. Pour autant, à l’inverse de Soufyane Moulin, lui ne parle pas de nouveau départ. « Avant de m’installer, je connaissais déjà le pays, les professionnels, les champs de courses… » Et lorsqu’on lui demande ce qu’il a pris dans ses bagages à l’occasion de son départ, en plus de sa femme et ses enfants, il nous répond qu’il a fait amener dans leur nouveau chez-eux un container rempli de ses meubles de France : « J’ai donc enfin amené un peu de chez moi au Japon. »

 

Source : Equidia - Jean-Baptiste Morel