Vendredi 6 Février 2015
Christophe Patrice-Lemaire

Christophe Patrice LEMAIRE et Mirco DEMURO entrent dans l'histoire des courses japonaises. Les deux hommes deviennent les premiers jockeys étrangers à se voir délivrer une licence définitive par la Japan Racing Association (J.R.A.). Pour Christophe Patrice LEMAIRE, c'est le début d'une nouvelle aventure et d'une nouvelle vie dans un pays qui lui tient à coeur. Pour le Japon, c'est le symbole de la continuité d'une ouverture internationale sur le monde des courses. Christophe Patrice LEMAIRE a accepté de répondre à nos questions :

Qu'avez-vous ressenti en apprenant la nouvelle ?

J'ai appris la nouvelle ce matin à 10 heures précises. J'attendais cette réponse avec impatience et je suis très heureux ! J'ai passé les derniers tests il y a une semaine environ. C'est le début d'une nouvelle carrière et d'une nouvelle vie.

En quoi consistent ces tests ?

On m'a posé des questions en japonais sur le Code des courses en général. Ensuite, on m'a posé d'autres questions, plus personnelles, à nouveau en japonais. Et il faut répondre dans cette même langue. Je ne peux pas me vanter de parler un japonais parfait, mais cela fait plusieurs hivers que je me rends là-bas et j'ai bien bossé ces trois derniers mois en vue de cet examen. J'ai réussi à montrer que j'avais acquis quelques bonnes bases.

Pourquoi avoir pris cette décision de s'installer définitivement au Japon ?

Le premier déclencheur, c'est qu'il nous a été proposé, à Mirco DEMURO et moi-même, de pouvoir être jockey à l'année au Japon. Je pense que c'est une opportunité qu'il faut absolument saisir. Ensuite, cela tombait bien pour moi, dans le sens où je n'avais plus de gros contrats de monte en Europe. Au niveau timing, c'était parfait. C'est aussi un choix de vie car mon épouse était partante pour venir vivre au Japon. Si tel n'avait pas été le cas, cela ne se serait évidemment pas fait. J'ai la chance de ne pas partir dans l'inconnu. Je connais bien le Japon désormais. Il y a donc plusieurs facteurs qui se sont rejoints pour pouvoir vivre cette nouvelle vie. J'ai mûrement réfléchi à cette décision.

Avec Mirco DEMURO, vous êtes les premiers jockeys étrangers à vous installer définitivement au Japon. Cette décision est très symbolique de la place des courses nippones dans le monde hippique.

En effet. Cette opportunité était aussi très belle car je pense qu'aujourd'hui, le Japon est la place forte sur l'échiquier des courses internationales. Il n'y a qu'à voir les ratings internationaux : les deux meilleurs chevaux du monde sont japonais ! Et les courses ici sont vraiment formidables.

Avez-vous un contrat de monte avec un entraîneur ou un propriétaire particulier ?

Non. Mais cela ne fonctionne pas ainsi au Japon. Il n'y a pas vraiment de système de contrat de monte comme on le connaît en Europe. C'est beaucoup plus ouvert. Il y a bien entendu des affinités entre les entraîneurs et les jockeys. Mais, pour l'instant, je n'ai rien de particulier.

Les chevaux japonais voyagent de plus en plus. Nous allons donc vous voir en Europe ?

Je l'espère ! Il est fort possible que je puisse m'exporter en Europe avec les chevaux japonais. Mais c'est avant tout une opportunité pour remporter les grandes courses japonaises, comme le Derby ou les Guinées, et pourquoi pas tenter la triple couronne.

Vous avez été victime d'une chute impressionnante, fin novembre à Kyoto, et vous vous êtes fracturé la jambe droite au niveau de la tête du tibia. Comment allez-vous ?

Cela fait deux mois pleins que ça s'est produit. Je suis remonté sur le cheval mécanique hier (mercredi 4 février, ndlr). Tout est donc sur la bonne voie. Maintenant il faut surtout que je récupère de la force dans la jambe. J'effectue donc une rééducation quotidienne. Si tout se poursuit normalement, je serai apte à me remettre en selle pour le début du mois de mars. J'espère donc être de la partie pour le samedi du Dubaï World Cup ! Il y a pas de chevaux japonais qui vont faire le déplacement et j'espère être présent. Je n'ai pas encore de montes définies pour Meydan. C'est compréhensible dans le sens où j'aurais été absent des programmes pendant trois mois.

Le Japon et Christophe Patrice LEMAIRE, une grande histoire.

Christophe Patrice LEMAIRE connaît bien le Japon et les chevaux japonais, puisqu'il se déplace dans le pays depuis 2002. Il a été associé, durant ses voyages en hiver là-bas, à de très grands chevaux nippons. Il a remporté son premier Gr1 japonais en 2005. Il s'agissait de l'important Arima Kinen (Gr1), dont le lauréat a été, cette année-là, Heart's Cry (Sunday Silence). Heart's Cry restait sur une deuxième place dans le Japan Cup (Gr1). Dans l'Arima Kinen, il battait la superstar nippone Deep Impact (Sunday Silence), qui se présentait invaincu dans cette épreuve. L'exploit n'est pas des moindres. Avec Heart's Cry, Christophe Patrice LEMAIRE  a aussi remporté le Dubaï Sheema Classic (Gr1), en 2006, à Nad Al Sheba, avant de se classer troisième des King George VI and Queen Elizabeth Stakes (Gr1), à une longueur de Hurricane Run.

Christophe Patrice LEMAIRE a aussi été associé à la championne japonaise Vodka (Tanino Gimlet), avec laquelle il a enlevé le Japan Cup 2009. Il a aussi enlevé le Queen Elizabeth II Commemorative Cup (Gr1) en 2008 avec Little Amapola (Agnes Tachyon), et le Japan Cup Dirt (Gr1) en 2008, avec Kane Hekili (Fuji Kiseki), et en 2013 avec Belshazzar (King Kamehameha).

 

Source : Jour de Galop