Mardi 15 Juillet 2014
Pierre-Charles BOUDOT

De sa première victoire obtenue le 19 avril 2009 sur l'hippodrome de Méral à son succès, dimanche, dans le Juddmonte Grand Prix de Paris (Gr.1), Pierre-Charles Boudot a dû jongler entre ambitions, émotions et tensions. Portrait.

Acrobate, équilibriste, tels peuvent être les adjectifs pour définir un funambule. Pierre-Charles Boudot, jockey de profession, s’en y approche. A  la différence près que son fil conducteur n’est pas un câble tendu à haute altitude, mais un poids difficile à porter. Un handicap pondéral à deux sens. L’absence de son père, Marc, disparu prématurément en janvier 2008 dès suite d’un cancer, est l’une des deux épreuves qui composent son quotidien. Le deuxième est son combat contre les kilos, course diététique qu’il se doit de remporter jour et nuit, avant et après chaque course, de son réveil à son coucher, où le protégé d’André Fabre, son maître d’apprentissage, rêve d’inscrire son nom au palmarès d’un Groupe 1.

Dès lors, sa carrière, dont les débuts officiels datent du 29 mars à Loudéac, s’épaissie à sa simple lecture, énumération. Son expérience professionnelle, elle aussi, n’échappe pas à cette maturation accélérée. En l’espace de trois semaines, Pierre-Charles Boudot, né le 21 décembre 1992, enregistre la première victoire sa carrière, à Méral avec Pampeana, dans un anonymat certain, malgré un écart de dix longueurs à l’arrivée. Le prestige n’est pas au rendez-vous, mais «Pécé» prend et donne déjà rendez-vous. Épaulé par André Fabre, le jeune jockey acquiert rapidement de l’expérience, plus précocement que la moyenne, au fils de ses sorties.

Une ascension fulgurante qui étonne et détonne à mesure que sa lutte avec le poids s’intensifie. Le 29 mars 2010, Pierre-Charles Boudot s’adjuge le premier Quinté+ de sa carrière à Saint-Cloud, en selle sur Rysckly. Un événement qui augure, annonce une saison riche et complète, consommable, elle, sans modération. Jamais rassasié, l’ancien élève du centre AFASEC de Gouvieux, mesurant 1 mètre 70, accumule les succès, à tel point qu’il devient professionnel, le 06 juillet 2010, grâce à Delta Black Sheep. Une 70e pose devant les photographes, souvenir d’un changement de dimension et d’ambitions.

Seule, l’envie de rendre fier son père, comme il le répète régulièrement lors de ses interviews, relie ces périodes distinctes. Prouesse après prouesse, le funambule Boudot se fait un nom dans le microcosme hippique. Au sein du peloton, également. Sur sa route, il enlève le Prix de Lutèce (Gr.3) à Longchamp avec Brigantin, le 05 septembre 2010, pour son mentor André Fabre, qui l’a toujours soutenu, accompagné, lors de ses nombreuses épreuves, au sens propre et figuré.

Ce même mentor, si avare en paroles mais tant généreux au nombre de montes, lui offre la possibilité de porter des casaques prestigieuses et d’être associé à des chevaux de grande qualité. Une aubaine qui est la fondation de son excellente année 2013, couronnée de 122 victoires et d’une Cravache de Bronze.

Une reconnaissance sur la piste qui en précède une autre : celles de ses pairs, depuis dimanche, grâce à sa victoire dans le Grand Prix de Paris (Gr.1) avec Gallantele premier Groupe 1 de sa carrière, dédié à sa famille et à son père Marc. Cravache levée, cri rageur, Pierre-Charles Boudot laisse transparaître une émotion brute et si puissante, délivrée de tout poids.(source equidia.fr)